Ceci est une très bonne occasion de parler du cancer du sein, je vais essayer de réunir quelques informations utiles qui pourront servir à prévenir cette maladie.
Le cancer du sein est une tumeur maligne de la glande mammaire. Autrement dit, c'est un cancer qui naît dans les unités cellulaires dont la fonction est de sécréter le lait, les unités ducto-lobulaires du sein, essentiellement chez la femme (le cancer du sein survient 200 fois moins souvent chez l'homme, qui possède lui aussi des seins, bien qu'atrophiés).
Ce cancer est le plus fréquent chez la femme, avec 89 cas pour 100 000.
5 à 10 % des cancers du sein diagnostiqués sont des cancers du sein à prédispositions génétiques. Les cancers non-familiaux constituent les 90 à 95 % restants.
Quelques causes:
I-Causes hormonales (hyperœstrogénémie) :
Le cancer du sein est souvent un cancer hormono-dépendant : les facteurs augmentant le taux d'œstrogènes sont donc à risque.
Schématiquement le risque de cancer du sein croit avec le nombre de cycles menstruels qu'ils soient artificiels (pilule œstroprogestative) ou naturels.
Le traitement substitutif hormonal de la ménopause augmente sensiblement le risque de survenue d'un cancer du sein.
La ménopause tardive et la puberté précoce agissent par augmentation du nombre de cycles menstruels et donc des taux d'œstrogènes.
II- Non-fécondité ou fécondité tardive :
Les femmes qui n'ont pas eu d'enfant, ou qui ont eu leur première grossesse tardivement (après 30 ans) ont un risque sensiblement augmenté de développer un cancer du sein, par rapport à celles ayant eu au moins un enfant avant 30 ans. Ce sont en effet les cycles précédant la première grossesse menée à terme qui semblent les plus dangereux pour le sein. La grossesse protège le sein par la modification des cellules mammaires dans le sens d'une plus grande différentiation. Les cellules différenciées sont moins sensibles aux carcinogènes en particulier hormonaux. La grossesse agit donc comme un vaccin vis-à-vis des œstrogènes. Plus cette première grossesse survient tôt, mieux elle agit.
III- Synergie entre cancer et Obésité ou surpoids :
Pour des raisons mal comprises, l'obésité aggrave le risque de cancer du sein, et en particulier de prolifération rapide de ce cancer.
Ceci a été démontré in vivo comme in vitro ; Ainsi, quand des cellules tumorales (murines ou humaines) sont cocultivées avec des adipocytes matures,ces dernières augmentent les capacités invasives du cancer.
De manière générale, l'obésité doublerait le risque de cancer du sein.
L'obésité, de par l'augmentation de la quantité de tissu graisseux, augmente le taux d'œstrogène sanguin via une activation d'une enzyme appelée aromatase.
Celle-ci transforme en effet les hormones de type androgène en œstrogène. Ceci perdure après la ménopause ; Une étude a montré l'augmentation du risque de cancer du sein chez les femmes ménopausées en fonction de leur prise de poids.
IV- Acides gras saturés et trans :
Selon Le Figaro en 2008, « il a été montré que la consommation de graisses animales ainsi que celle d'acides gras trans (qui rentrent dans la composition de nombreuses préparations de l'industrie alimentaire) étaient des facteurs de risque à part entière ».
Une étude (Inserm-Gustave Roussy, 1995-1998) a prouvé que le risque de cancer du sein augmente de près de 50 % chez les femmes ayant un taux sanguin élevé d’acides gras trans, produits utilisés dans les aliments industriels tels que pains et biscuits industriels, viennoiserie, gâteaux, chips, pâtes à pizza.
V- Consommation d'alcool et de tabac :
L'augmentation du risque et de la fréquence du cancer du sein est au moins pour partie liée à l'augmentation de la consommation d'alcool des femmes ;
- De nombreuses études ont montré que la consommation d’alcool (quel qu'il soit ; vin, bière ou alcool fort) augmente le risque de cancer du sein. Ce risque est augmenté en moyenne de 30 % pour trois verres d’alcool par jour. Des méta-analyses ont confirmé le rôle de l'alcool dans la genèse ou facilitation du cancer du sein. Une étude a estimé que ce risque avait été surestimé, mais elle a été réfutée par une méta-analyse basée sur 98 études cas-témoins et prospectives.
- Le risque croît d’environ 10 % par 10 g d’alcool supplémentaires consommés en moyenne par jour avec des sensibilités génétiques différentes selon les individus, certaines sous-populations de exposées à d’autres facteurs de risque cancérigène pouvant aussi y être plus sensibles. D'autres facteurs aggravent en effet ce risque : avoir plus de 50 ans, être en phase post-ménopause, être affecté par une maladie bénigne du sein, une tumeur impliquant des récepteurs aux œstrogènes et/ou des tumeurs avancées/invasives.
- Ce risque double en cas de consommation chronique d'alcool (chez les femmes ayant un indice de masse corporelle normal (IMC < 25), alors que l'obésité est un autre facteur souvent cité).
- Les conséquences de l'alcool comme facteur ou co-facteur cancérogène sur le sein pourrait être assez rapide, car les statistiques montrent que l'impact des consommations récentes est plus significatif que celui des consommations anciennes.
Il existe une corrélation entre le tabagisme et la survenue de ce cancer.
VI- Manque de vitamine D :
Il est bien connu que la vitamine D et ses analogues pharmaceutiques ont des effets anti-prolifération et pro-différentiation, ce qui a des implications pour la prévention et le traitement des cancers en général. Plus récemment, la vitamine D s'est révélée apte à limiter la production excessive d'œstrogènes en agissant sur l'aromatase.
Les femmes atteintes de cancer du sein ont fréquemment des concentrations basses de vitamine D (78 % sont en état de carence ou d'insuffisance, selon une étude sur 145 patientes). On attribue l'excès de mortalité par cancer (incluant le cancer du sein) chez les Afro-Américains à leur pigmentation cutanée, qui bloque plus de rayons ultravioletsque nécessaire à ces latitudes et entrave la production de vitamine D de façon marquée. Une équipe française a étudié l'évolution sur 10 ans de près de 68000 femmes pour faire ressortir l'importance de la carence en vitamine D dans la survenue du cancer du sein.
L'analyse de l'indice d'exposition au rayons UV chez ces femmes a montré que seules celles qui étaient le plus exposées aux UV obtenaient une protection contre le cancer du sein suffisante pour que l'apport alimentaire ait un impact mesurable; pour toutes les autres, l'équipe de l'INSERM conclut que, plus on vit au nord, plus il est difficile d'atteindre ce seuil de vitamine D protégeant du cancer du sein.